Du sucre et de l'argent

Pour se réchauffer un peu les os qui ont passé pas mal de temps en haute altitude ces derniers temps, nous avons pris deux jours de repos à Sucre, la ville blanche, sous un ciel plus clément. Quel bonheur de se balader en tongs et en T-shirt! Ancienne capitale de la Bolivie, la ville est nettement plus charmante que La Paz, avec ses édifices coloniaux immaculés et ses nombreux parcs ombragés.

sucre

Notre guesthouse était située juste devant le parc Bolivar où nous avons pu apprécier le dimanche l’ingéniosité des boliviens pour offrir des jeux et activités à leurs enfants (tourniquet transformé en caroussel, manège improvisé).

avion

Nous sentant comme à la maison, nous partions le matin au marché faire nos courses pour les repas, et passions quelques heures tranquilles à bouquiner au soleil dans la cour intérieure. Du repos quoi…

Après quoi, il fallait bien reprendre la route, direction Potosi, la ville la plus haute du monde (oui, on aime bien “les trucs les plus… du monde”) à 4070m d’altitude, nichée au pied du Cerro Rico.

cerro rico

Potosi (une déformation du queshua “qui a explosé” en raison d’un volcan voisin) était au XVIIe siècle la ville la plus riche et la plus peuplée d’Amérique: près de 200 000 habitants attirés par l’extraction d’argent du Cerro Rico. Aujourd’hui, les filons se sont pratiquement taris, mais il y a toujours des mineurs creusant la montagne à coup de dynamite pour en extraire principalement de l’étain. La visite de la mine en activité est devenue une activité touristique, dangereuse évidemment car son exploitation se fait dans des conditions de sécurité déplorables - pour les mineurs comme pour les visiteurs. Nous avons choisi de ne pas y aller, sur les recommandations d’un couple rencontré à Lima qui en été revenu très mal-à-l’aise (conditions de travail des mineurs vraiment atroces, mais les touristes se prennent en photo avec eux, les remerciant en leur offrant des feuilles de coca ou des cigarettes). Le tourisme de la misère est toujours compliqué à aborder, d’autant que les agences reversent une partie de l’argent à la coopérative des mineurs, qui ont donc un bénéfice (mais quel pourcentage?)…

potosi

Nous nous sommes donc intéressés au passé de la ville, en visitant La Casa de la Moneda (La Monnaie), transformée depuis les années 30 en musée super intéressant: nous avons pu voir les machines ayant servi à presser, couper, estampiller les pièces au cours des siècles; ainsi que le musée numismatique; et une collection de tableaux représentatifs de l’art qui s’est développé dans cette période faste. Les explications du guide ont été utiles pour comprendre les intéressantes représentations de la Vierge en forme de cône/montagne qui figure la Pachamama (la Terre-mère, déesse des incas), ainsi que les symboles cachés dans les tableaux religieux (la demi-lune de la fertilité et le dieu Soleil, Inti). Nous avons également appris que les espagnols interdisaient aux artistes indigènes de signer leurs oeuvres, mais certains ont réussi à dissimuler leur signature dans un coin du tableau (dans les pages d’un livre ouvert par exemple). Enfin, la rebellion d’un artiste anonyme s’est traduite en représentant des soldats espagnols escortant le Christ sur le chemin de croix au lieu de soldats romains…

Plus récemment, un autre pied-de-nez à la couronne espagnole est devenu le symbole de Potosi: un masque sculpté est venu recouvrir le sceau du royaume sur l’entrée de la Casa de la Moneda.

casa de la moneda