Iguazu ça se mérite

Nous avions prévu de zapper les chutes d’Iguazu, reculées dans le coin du pays que nous n’allions pas visiter, à la frontière entre le Paraguay, le Brésil et l’Argentine. Mais à force de s’entendre répéter “Quoi?! Vous n’allez pas à Iguazu?!” par tous les voyageurs que nous rencontrons, nous finissons par céder. Nous avons le temps et l’argent: c’est parti pour Iguazu.

Notre bus est prévu pour le jeudi midi, juste le temps de passer la nuit précédente à Buenos Aires et de changer nos dollars en pesos. Nous devons en effet rentrer de Colonia le mercredi soir… enfin, devions…
Arrivés au terminal maritime une heure avant le départ, pour le check-in, on remarque un attroupement devant le guichet de notre compagnie. Y aurait-il un problème? En posant quelques questions, on apprend que le bateau précédent (celui de l’après-midi) a fait demi-tour au bout de 20 minutes et que ses passagers sont toujours à Colonia, dans l’attente de leur départ. D’après les récits, leur court trajet en bateau a mal tourné, entre la panne de moteur et la mer déchaînée, la moitié du bateau était malade. Joyeux…
Bien que compatissants, nous nous sentons moyennement concernés, jusqu’à ce que nous comprenions que la compagnie n’a qu’un seul bateau, et que celui-ci est bel et bien cassé. Evidemment, nous apprenons celà par du bouche-à-oreille. Jusqu’ici, personne de la société n’a adressé la parole aux passagers, lâchés dans le terminal maritime.
Vers 21h, un agent arrive avec des cartes d’embarquement pour le bateau d’un concurrent qui part 30 minutes plus tard. La distribution faite, nous nous rendons compte que seule une partie des passagers du bateau de l’après-midi a eu la chance d’avoir une place. Pour les autres, et bien nous ne savons pas…
Nous voyons la tension monter chez les passagers (et ça se comprend pour ceux qui sont là depuis 4h de l’après-midi). Il commence à y avoir des applaudissements ironiques, quelques sifflets. Au bout d’un moment, un responsable vient calmer la foule, promettant un bateau à 23h… sous réserve d’accord avec une compagnie concurrente. L’heure fatidique arrive, les passagers dispercés dans le terminal commencent à se regrouper et à râler. Avec raison. On nous annonce qu’en fait il n’y aura plus de départ avant le lendemain matin, 5h. La compagnie ne prend évidemment pas en charge les hébergements, et il faut être là à 3h du matin pour récupérer ses cartes d’embarquement. C’est le bordel total dans la foule. Personne ne fait confiance à ces annonces. Les passagers commencent à réclamer à grands cris d’avoir leurs cartes d’embarquement tout de suite. Une femme de notre compagnie maritime s’embrouille dans les explications, et se retrouve encerclée par des clients très en colère. Sur ce, des vigiles et policiers arrivent, matraques en l’air. Nous nous écartons prudemment sur les conseils d’une argentine. Et on fait bien. Mouvement de foule, quelques coups partent. Ca ne dure pas longtemps mais la tension est telle que ça a failli partir en bagarre générale.
Finalement, nous passerons la nuit dans le terminal maritime en compagie des autres passagers lésés. A 3h du matin, nous allons bien récupérer des cartes d’embarquement pour le bateau de 5h. Quelle nuit!

Arrivés à 7h30 à Buenos Aires, c’est la course. Nous avons quelques heures pour changer nos dollars, payer notre billet, passer chez Martin (à 1h du terminal terrestre) chercher des affaires de rechange et sauter dans le bus. Mais on y arrive! Plus que 18h de bus et une autre nuit confortable en perspective, et Iguazu est à nous!

On les aura méritées, ces cascades.

cascade

Maintenant, retour tranquille (bon, toujours 18h de bus évidemment) à Buenos Aires où on va se la couler douce avant de prendre l’avion de retour. Cette fois, on a prévu large au cas où le bus aurait une panne. Ne vous inquiétez pas les mamans, on ne va pas râter l’avion. ☻