Karma

5h du matin le bus arrive à Probolinggo: “Réveillez-vous, vous descendez là”.
Trois minutes plus tard le bus repart, nous laissant avec Diego sur un trottoir, les sacs à nos pieds et la gueule enfarinée.

On n’est pas vraiment au milieu de nulle part, mais devant une agence qui propose des transports dans la région. Le bus public pour Bromo ne partira qu’une fois plein (15 personnes). Pour le moment, on est 3… On a donc tout le temps de négocier avec le gars de l’agence qui essaie de nous vendre ses tours. Voyant qu’on n’est pas pressés -on prend le temps d’un café et d’une partie de cartes-, il commence à blablater; et nous donne une super astuce pour ne pas payer l’entrée du volcan Bromo (qui est à un tarif exorbitant). Antiproductif pour lui (on ne va évidemment pas lui acheter un tour pour Bromo avec cette info), mais pas tant que ça… On organisera avec lui le transfert vers le volcan suivant, le Kawah Ijen, car les transports publics sont inexistants sur ce trajet.

Après un peu plus de 4h d’attente, on nous indique qu’on peut monter dans le bus. Il ne manque plus qu’une personne pour compléter, qui est en chemin. On attend donc sagement un peu serrés dans ce minibus quand ce dernier passager passe la tête par la portière. Ses yeux s’agrandissent en nous voyant. “No way!!”.. Elliott, un anglais rencontrés à Varanasi quelques trois mois plus tôt, vient d’entrer dans le bus. Incroyable coïncidence de se retrouver dans cet autre bout du monde, dans un bus de 15 personnes… Embrassades de retrouvailles sous le regard interrogateur de Diego et des autres passagers; on se racontera les trois derniers mois de voyage pendant le trajet.

Après une petite sieste bien méritée, on est tous les quatre d’attaque pour tester l’itinéraire bis (gratuit) vers le volcan. On marche sur la lune…

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Et on arrive au cratère

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Le lendemain, réveil à 2h30 du matin pour aller admirer le lever de soleil depuis la montagne d’en face, le Penanjakan.
Vers 4h30, on atteint une terrasse avec vente de café qui semble être la fin du chemin. Pourtant, on est moins haut que ce à quoi on s’attendait, et moins haut que là où les jeeps semblent emmener les touristes. Mais Diego et Elliott ne sont pas du genre à s’avouer vaincus, et ils trouvent l’accès à un sentier qui grimpe encore, un peu périlleux au début mais mieux tracé ensuite, et qui débouche sur LE spot. On arrive pile à l’heure sur ce promontoire, et on est tout seuls.

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De retour au village, on a le temps de ranger nos affaires et de prendre une douche avant le départ pour le prochain volcan, embarquant Elliott avec nous (Diego part direct pour Bali). On avoue, c’est assez agréable de ne pas avoir à chercher le bus, négocier le prix, etc. Le trajet est donc reposant, et on arrive pour passer la nuit au milieu des plantations de café à quelques kilomètres du Kawah Ijen, juste à temps pour faire une petite trempette dans les sources chaudes voisines, à la tombée de la nuit…

Le lendemain, rebelote, lever à 3h du mat’ et départ pour le volcan. L’ascension se fait dans le noir, et c’est pas plus mal: on ne perd pas courage en voyant le dénivelé (on s’en rendra compte au retour). Mais l’effort est récompensé quand on arrive au cratère. Le lac -le plus acide du monde- est d’un bleu turquoise en contraste avec le souffre jaune vif qui colore les rochers.

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C’est ici que des hommes descendent deux fois par jour dans le cratère récolter le souffre qui servira pour les cosmétiques ou pour fabriquer de la dynamite. Dures conditions de travail: 90kg sur les épaules, et du souffre dans les poumons. Leur espérance de vie excède rarement 40 ans.

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