Après cette escapade lao-cambodgienne, nous voici de retour en Thaïlande pour découvrir les îles du sud, leurs plages paradisiaques et leurs fonds marins.
On retrouve un moyen de transport qu’on affectionne particulièrement: le train. En 3e classe, les trains thaïlandais sont comparables aux trains indiens (même confort, même vitesse). Et même l’accueil a été comparable! Un jeune couple de thaïlandais, probablement de retour de pique-nique, nous a offert une sucrerie maison: du riz gluant fourré à la banane et au haricot rouge. “Welcome to Thailand”.
Avant de rejoindre les îles, on fait d’abord une escale à Bangkok pour refaire une paire de lunettes de secours à Laurent. Prête en 10 minutes!
On découvrira une nouvelle partie de la ville. On était en effet restés la dernière fois dans le vieux Bangkok où se concentrent les monuments historiques, mais qui est mal relié au réseau de transport public. On décide donc cette fois de faire une excursion dans la ville moderne. Quel changement! On découvre un quartier hyper urbanisé, avec de hautes tours reliées par le métro aérien (super clean et climatisé). On est allés dans le quartier des centres commerciaux, immenses tours où l’on trouve de tout sur le modèle des “malls” américains.
Parmi eux, on trouve le Centre d’art et de culture de Bangkok, un lieu gratuit d’exposition d’art contemporain. Très bien agencé, il accueillait au moment où on y est passés une exposition sur l’architecture -on a vu la vidéo de présentation de la future station lunaire, top-, et les lauréats du Prix de l’élephant blanc (concours national) sur le thème de “my homeland”. On a ainsi découvert l’art contemporain thaïlandais, qui s’avère très riche.
Après cette page culturelle, on pensait rentrer à pied en passant par le parc Lumphini.. et on se retrouve en plein QG des opposants au régime. Des tentes, stands de bouffe et de vente de T-shirts, drapeaux, etc., emplissent le parc et alentours. On décide donc de monter dans le métro aérien question d’éviter de se retrouver dans la foule, quand des manifestants arrivent en nombre. On observe ça d’en haut. Ca a l’air de se dérouler dans la bonne humeur.
On apprendra en rentrant à l’hôtel que la première ministre venait d’être destituée, cause pour laquelle se battait l’opposition (les cols jaunes) depuis le début du conflit il y a 6 mois. Cette décision risque de raviver les tensions et on est bien contents de prendre le train le soir-même pour Koh Tao. La politique a peu de chance de faire irruption sur cette île de 21Km2…
Après une nuit pas terrible sur des sièges inclinables - confortables mais la climatisation était tellement à fond qu’on était morts de froid (il devait faire 15°C maximum)-, on a pris un bateau et maintenant on est là:
Une bonne nuit de sommeil, et c’est reparti. Nous sommes à Siem Reap, “base camp” pour aller visiter les fameux temples khmers d’Angkor.
On a longuement hésité entre un ticket 1 journée ou un pass 3 jours pour visiter ce site étalé sur des centaines de kilomètres et qui représente la plus grande concentration au monde d’édifices archéologiques.
Finalement, on opte pour une journée, sachant qu’acheté en fin d’après-midi la veille, le ticket donne accès au site pour le coucher de soleil.
On va donc visiter la ville de Siem Reap la journée, avant d’enfourcher nos bicyclettes de location et de partir à la rencontre du Bayon, l’un des temples les plus importants d’Angkor. On a la chance d’être seuls pour visiter ce temple car ce n’est pas le “spot” favori pour le coucher de soleil. Nous, ça nous va bien…
Le lendemain, grosse journée. On va parcourir à vélo les 25km du “petit circuit” qui relie les principaux temples du site, sans oublier les 8km aller pour rejoindre Angkor. Levés à 5h du mat’, on rentrera après le coucher du soleil vers 19h30. Et on fera tout ça en compagnie de Xie Min, avec qui la communication est incertaine mais ponctuée d’éclats de rire. Finalement, on a décidé de rester dans la même chambre pour les quelques jours que nous passerons ici.
On a réussi à éviter les foules en prenant des heures décalées par rapport aux cars des groupes. On a donc commencé par le plus imposant, Angkor Wat, un peu après le lever du soleil.
La matinée se poursuit avec quelques visites, dont le Banteay Kdei, un complexe monastique.
On arrivera à un autre “hit” un peu avant l’heure du déjeuner: le Ta Prohm est alors assailli par un flot ininterrompu de touristes thaïlandais venus passer le week-end (et oui, c’est dimanche). On décide donc de sortir notre pique-nique en attendant que les groupes partent à Siem Reap pour déjeuner. Ca sera l’occasion de goûter une sorte de légume, “lotus” selon Xie Min, très étrange. On extrait de sa “tête” des petites boules vertes, que l’on épluche et que l’on mange en prenant soin d’enlever le germe vert en son coeur. Bizarre, mais sympa à manger, avec un goût qui ressemble à l’amande ou à la noisette fraîche…
Stratégie payante, une fois à l’intérieur, on découvre dans le calme un temple au milieu de la jungle, où les racines des arbres et les murs se sont entremêlés avec le temps. Le site a en effet été laissé en partie dans l’état dans lequel il a été “redécouvert” pour donner au visiteur un aperçu de ce qu’ont alors ressenti les explorateurs…
Après tous ces émerveillements et ces kilomètres, on se permet une petite sieste devant un temple et à l’ombre d’un arbre au gros de la chaleur (forte)…
On poursuit ensuite notre chemin à travers les terrasses royales jusqu’au Baphuon, supposé représenter le Mont Meru (“l’axe du monde” pour l’hindouisme).
Pour finir, nous arrivons juste à temps pour admirer le coucher de soleil depuis la colline où est perché le Phnom Bakheng, avec vue sur le fameux Angkor Wat (la boucle est bouclée), 3 minutes avant qu’ils ne ferment l’accès au site!
En rentrant après cette journée bien chargée, la bière, le dîner et surtout la douche sont une bénédiction!
Le lendemain, on continuera de naviguer avec Xie Min qui maîtrise comme seule expression en anglais “I follow you” (je vous suis) ☻
On a ainsi appris à se connaître un peu, et maintenant, Laurent est inscrit à QQ, le facebook chinois; on sait compter jusqu’à 99 sur nos doigts comme les chinois; et on a même quelques photos à la chinoise dans notre collection (Xie Min est une grande malade des photos, avec environ 10 clichés par minute)… Malgré la barrière de la langue, on s’est bien marrés avec Xie Min!
On est donc partis ensemble faire un tour sur le lac Tonlé Sap, plus grand lac d’eau douce d’Asie du sud-est, dont la superficie se multiplie par six entre la saison sêche et le plus fort de la mousson. Nous avons navigué au milieu des maisons sur immenses pilotis du village de Kampong Phluk.
L’avantage d’être à la fin de la saison sêche, c’est que les maisons ont les pieds au sec et on peut donc voir la hauteur impressionante des pilotis. Dans les années très pluvieuses, l’eau atteint le plancher des maisons!
On sort du village en traversant (toujours en bateau) une forêt qui est immergée en saison des pluies, pour déboucher sur le lac. Même à son niveau le plus bas, celui-ci s’étend à perte de vue.
On s’arrête sur un bar flottant pour observer un peu la vie du lac, et découvre attaché à notre bar une petite cage à… crocodiles. Ça nous enlèvera toute envie de nous baigner malgré la chaleur! En effet, on a peur que l’élevage de croco fonctionne pareil que celui des poissons: pêchés (capturés?) petits dans le lac -qui abrite l’une des plus forte concentration de poissons au monde-, ils sont emprisonnés et nourris pour être revendus plus gros à un prix intéressant.
La journée s’achèvera autour d’un repas dans le Night Market, avec au menu du crocodile grillé! Nos chemins avec Xie Min se séparent là…
On quittera le Cambodge le lendemain, avec le regret de ne pas pouvoir rester plus longtemps. Nous avons en effet été vraiment charmés par les personnes rencontrées ici, super chaleureuses et sympathiques.
On n’a pu visiter qu’un tout petit bout du pays, autour de Siem Reap qui est l’un des endroits les mieux lotis du Cambodge avec l’argent du tourisme; et on aurait aimé découvrir d’autres facettes du pays. On n’a eu l’occasion que d’effleurer l’histoire dramatique du pays et de la période khmer rouge, que la plupart des personnes rencontrées ont pourtant vécue.
Et oui, la mousson est là, mais peu importe car c’est la journée que l’on a choisie pour nous rendre au Cambodge: une journée de bus en perspective.
On quitte donc Don Khone non sans d’affectueux aurevoirs avec la gérante de notre guesthouse, qui nous donne un petit sac de bananes pour le voyage, et nous attache autour du poignet un bracelet tressé (geste traditionnel de protection) “pour la route”. Un dernier salut à l’embarcadère. Aurevoir Laos…
C’est à la frontière que ça devient amusant (après-coup). On nous avait prévenus que la corruption y était bien instaurée et on avait décidé d’essayer de ne pas y participer. Ainsi, arrivés au bureau de sortie du territoire laotien, où on doit se faire tamponner le visa, sans surprise, le fonctionnaire nous demande 2$ “for the stamp”. Evidemment, cela n’a absolument rien d’une taxe officielle mais va directement dans sa poche. On répond donc que non, le tampon c’est gratuit. Son premier réflexe est de nous rendre nos visas en nous disant de faire demi-tour. On garde le sourire (important, le sourire) et on lui redemande notre tampon, bloquant tranquillement la file des touristes qui attendent leur tour. Le douanier refuse toujours et nous ignore royalement en récupérant les passeports des autres touristes, garnis de dollars. Petite précision: la grande majorité des étrangers passent par le service payant de la compagnie de bus pour faire faire leur visa et on est donc peu nombreux au guichet.
Une fois tous les passeports tamponnés et les bakshish payés, on repart à l’assaut avec un air détendu. Il faut savoir qu’en Asie, il est primordial de ne jamais hausser le ton, jamais s’énerver. “Perdre la face” est extrêmement mal perçu et on ne serait arrivés à rien. Après quelques minutes d’échanges mi-plaisanteries/mi-menaces, et nous voyant bien décidés à ne pas bouger de devant leur guichet, l’un des fonctionnaires finit par tamponner notre passeport, gratuitement, et avec un grand sourire en prime!
La deuxième étape côté cambodgien est plus compliquée car le prix affiché pour le visa inclut carrément les 5$ bakshish. Là, ça nous semble vraiment difficile de négocier, même si on connaît le prix officiel du visa, d’autant plus que notre bus attend sur le parking. Un peu stressant. Contents de notre première victoire, on leur cède la deuxième manche…
C’est donc reparti, visa en poche, direction Siem Reap. Petit problème technique: nous avons 12$ en poche, et on découvre que la frontière est un no man’s land total. Pas un distributeur en vue… Evidemment, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Le bus fera donc un stop devant une banque en traversant la prochaine grande ville. Manque de bol, le distributeur ne fonctionne pas. Le chauffeur nous annonce ainsi tranquillement qu’il faudra attendre l’arrivée à Siem Reap. Nous bénissons la gérante de notre guesthouse de Don Khone: ses bananes nous sauvent la vie!
Notre bus est censé arriver à 21h, on arrivera à 2h30 du mat’ dans une ambiance un peu étrange. En effet, on se retrouve tous enfermés dans la station de bus en compagnie de quelques chauffeurs de tuk-tuk, qui font leur marché parmi les touristes crevés et qui, comme nous, pour la plupart n’avaient pas réservé d’hôtel. Une voyageuse chinoise, Xie Min, qui ne parle pas un mot d’anglais, demande (par signes) si elle peut venir avec nous car elle n’a aucune idée d’où dormir. Les portes de la station de bus s’ouvrent une fois tous les tuk-tuk remplis, et on découvre à la sortie d’autres chauffeurs qui nous proposent le même trajet pour moitié prix. Magnifique exemple de corruption encore une fois. On lâche sans aucun remors le chauffeur qui nous avait pris pour du bétail et on grimpe dans un tuk-tuk “moitié-prix” (qui est en fait le prix normal). Evidemment, cela ne lui a pas franchement plu, mais ça ne nous a pas empêché de partir.
Arrivés enfin à la guesthouse qu’un voyageur de Don Khone nous avait conseillée, vers 3h du matin, on est ravis d’accepter la proposition de la gérante de partager une chambre avec Xie Min car il n’y a qu’une seule chambre de libre (avec deux grands lits). La guesthouse est super, la chambre spacieuse, claire et propre, et l’accueil vraiment adorable malgré le fait qu’on ait réveillé la gérante au milieu de la nuit. Bonne nuit!
Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux, maintenant!