Charmantes petites bêbêtes (ou pas...)

Avant de passer au Cambodge pour visiter les temples d’Angkor (que nous avons ajoutés à notre itinéraire sur les conseils de Mitch, notre pote trekkeur), on avait envie de se poser un peu et de reprendre des forces. On choisit pour cela les “4 000 îles”, dernière région avant la frontière cambodgienne, et plus précisément l’île de Khone. Terrasse en bois sur pilotis, hamacs, la guesthouse promet! On profite de ces “vacances des vacances” pour faire une petite coupe de printemps à Laurent. Le sabot de la tondeuse nous ayant lâché dès les premiers jours, on opte pour une coupe radicale (désolée Marie): la boule à zéro!

boule z

Première sortie dans la seule rue de l’île, on croise Alice et Olivier, le couple que l’on n’arrête pas de rencontrer depuis notre arrivée au Laos, et on décide de se retrouver pour l’apéro et le dîner. Super soirée. On la sent bien cette île!

don khone

Ce n’est que vers 22h, au moment d’éteindre la lumière que Laurent a un mauvais pressentiment: “c’était quoi la bestiole que je viens d’écraser là?”. On sort nos sacs à viande imprégnés d’insecticide (que l’on avait pas touchés depuis le Népal). Malheureusement, ça n’a pas suffit et le pressentiment est confirmé au réveil: Agathe est couverte d’une cinquantaine de piqûres sur le visage, les bras et le haut du dos. Ah oui, la bestiole, c’était une punaise de lit… Petite pensée à Laurie, qui nous a raconté ses déboires australiens avec des puces de lit dont elle a eu beaucoup de mal à se débarrasser; et on commence à flipper d’être dans le même cas.

Peur confirmée quand on cherche à changer de guesthouse. Evidemment, ça se sait dans cette minuscule île que la Suksan Guesthouse est infestée de puces, et personne ne veut prendre le risque d’héberger des touristes qui pourraient en ramener dans leurs sacs. Ce n’est même pas la peine de préciser d’où on vient car à 8h du mat’, seuls les touristes qui ont dormi là la veille sont dans les rues… et il n’y en a pas beaucoup qui cherchent une chambre.

Heureusement, on tombe sur la gérante d’une guesthouse super gentille et plus ou moins francophone, qui, après délibérations avec son mari, nous accepte et nous donne les instructions et le matériel pour éviter de trimballer les punaises avec nous. Elle prend carrément Agathe en pitié (Laurent n’a pas une piqûre) et lui applique même une pommade mentolée sur les boutons. Pas une mince affaire!

Bref, opération mort aux punaises: on vide tous nos sacs et inspecte chaque fringue une par une. Tout ce qui a été sorti du sac la nuit précédente part direct à la machine (on en aura pour 48 000 kips de lessive); et on descend les quelques marches qui nous séparent du Mékong armés de brosses et savon pour frotter nos sacs dans les moindres recoins. On n’aura pas fait notre lessive dans le Gange, on se rattrappe dans le Mékong!
Seule une punaise fait son apparition sur le sac d’Agathe. Elle n’aura pas la vie sauve.

On préfère sécuriser en achetant une bombe d’insecticide puissant et on bombarde nos affaires enfermées dans la chambre et les sacs qui sont en quarantaine sur la terrasse. Interdiction formelle de les faire entrer dans la chambre. Et on a bien l’intention de suivre les instructions, on ne veut pas pourrir la guesthouse qui a accepté de nous recevoir.

A midi, on a fini notre remue-ménage et on part louer des vélos pour explorer l’île. Faut pas déconner, c’est quand même les vacances!
On opte pour le côté le moins fréquenté de l’île, et on arrive à de petites cascades où les pêcheurs sont en train de fabriquer des pièges à poissons à l’approche de la mousson. Il s’agit d’une espèce de “tremplin à poissons”, qui les entraîne vers la surface du fleuve: les pêcheurs n’auront plus qu’à les cueillir.

poissons piège

On se baignera un peu plus loin dans une piscine naturelle.
La piste traverse des rizières, un village de pêcheurs… Les gens sont super souriants et accueillants. Curieusement, ce sont les commerçants et les restaurateurs les moins aimables ici.

rizières

On continue notre route jusqu’au bout de l’île, traversant des ponts franchement brinquebalants construits avec des bouts de l’ancien chemin de fer (vestige de la présence française au Laos). Arrivés à destination, on part en pirogue à moteur à la rencontre des dauphins d’eau douce, derniers survivants de leur espèce. Ils sont bien là, mais au loin (ils préfèrent la berge cambodgienne manifestement). Agathe est contente… et Laurent sceptique.

En rentrant, on croise Olivier sur le chemin de la pêche -en bon marseillais, il s’est en effet équipé en Thaïlande d’un filet-. et on se donne rendez-vous pour l’apéro. Celui-ci sera agrémenté d’une bonne petite friture. La pêche a été fructueuse!
On se retrouve donc en compagnie d’un pêcheur du coin (gérant ou ami du restau) sur la terrasse du restaurant qui a accepté de faire frire les poissons d’Olivier, en échange du prêt de son filet.

La soirée se passe tranquillement, jusqu’à ce qu’un vrai orage de mousson (très violent) éclate. Oui, la saison des pluies est bien arrivée! On n’avait jamais vu ça, une averse incroyable qui cogne contre les tôles du toit. Au bout de quelques minutes, il n’y a plus d’électricité. On se retrouve dans le noir avec des trombes d’eau dehors. Impossible de sortir… et nos sacs qui sèchent sur le balcon (par chance, ils seront toujours là à notre retour)…

L’apéro se transforme donc en repas; et on a eu une belle démonstration de la mentalité laotienne et de sa culture du partage (en lao, “mon” et “ton” sont signifiés par le même mot). En effet, les bières que nous avons commandées sont partagées dans les verres de toutes les personnes présentes autour de la table (dont le cuistot), et de la même façon on est invités à partager le repas qu’ils s’étaient préparé. Cela nous aura donné l’occasion de goûter… du lézard! Pour le dessert, et peut-être pour voir nos têtes, notre hôte nous apportera un énorme insecte -une espèce de bourdon géant- grillé. Ce sera notre baptême d’insecte! Désolé, vous n’aurez pas de photo, il n’y avait pas de lumière et on a mangé éclairés au briquet-lampe torche. D’ailleurs, une famille de touristes avec leurs enfants, à côté de nous, a mangé éclairée aux phares d’une moto démarrée pour l’occasion (et pour éclairer la cuisine pour finir la préparation!).

Le déluge enfin calmé, on rentre en pataugeant dans la boue. Quelle journée!

Le lendemain, on reprend les vélos pour aller voir les cascades plus connues de l’île et en profiter pour visiter l’île d’en face, reliée par un pont.

don det

Enfin, une dernière journée farniente à écrire cet article en buvant des coco shakes. Demain, un jour entier de trajet nous attend pour atteindre la célèbre cité d’Angkor.

On pense à vous…

bières

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Sur la moto sous l'eau

Deuxième possibilité pour chercher la fraîcheur: les cascades.

On est descendus de quelques centaines de kilomètres vers le sud (en direction du Cambodge) afin d’atteindre Paksé et le plateau des Bolovens, connu pour abriter les plus belles cascades du pays.

A peine nos sacs posés dans notre chambre, on croise sur la terrasse de la guest house les allemands avec qui on avait visité la grotte de Konglor. Quelques pas de plus et on tombe sur un couple de français rencontrés dans le bateau qui nous a amené au Laos il y a 10 jours et qu’on avait recroisés à Vientiane. On avait à chaque fois discuté quelques minutes mais on n’avait jamais pris la peine de se présenter. L’occasion est trop belle: on passe la soirée ensemble dans un restau… indien!

Le lendemain, comme on y a pris goût, on loue une moto pour aller se ballader, cette fois une semi-automatique pour corser un peu l’aventure (et aussi parce que c’est deux fois moins cher). Direction Tad Fan, la plus haute chute d’eau du Laos qui dégringole de 200m.

tad fan

Pour l’atteindre, on traverse des plantations de thé et de café; et on en profite pour refaire nos réserves pour le petit déjeuner ☻.

Tad Fan, c’est beau, mais c’est juste un point de vue. On prend donc la direction de sa voisine qui est accessible à la baignade. Il y a même un petit radeau relié à une corde qui permet d’aller jusque sous la cascade!

Tad Champee

Il fait bon, l’eau est fraîche, le bonheur…. Jusqu’à ce qu’un orage éclate et on se retrouve en deux minutes sous une pluie torrentielle… et toujours sur le radeau.
On rejoint la rive, pensant attendre à l’abri d’un arbre que l’averse passe. Au bout de 10 minutes, l’intensité ne baisse pas et on commence à penser qu’il vaudrait mieux aller se mettre vraiment au sec. Et puis il est midi, ça tombe bien il y a une petite gargotte en haut du chemin ☻.

Et là, c’est le drame. Laurent sent d’abord un truc qui lui pique le pied, et découvre avec horreur une sangsue qui s’agite sur sa tong. Il s’en débarasse (difficilement- coriace la bestiole!) et on commence à marcher sous la pluie, quand une sangsue s’attaque au pied d’Agathe cette fois. Un coup de paréo la dissuade; mais on commence à être un peu paranos. On s’arrête dans une petite cabane en bois abandonnée sur le bord du chemin pour une inspection générale… Et Laurent a une jolie sangsue bien accrochée sur la fesse! Petit mouvement de panique… Heureusement qu’on était tout seuls! Une fois débarassés de l’indésirable, on continue notre chemin et s’asseoit avec soulagement à l’abri devant une saucisse grillée.

Toute ces émotions ont eu raison de notre motivation pour aller à une troisième cascade quelques kilomètres plus loin, d’autant plus que la piste s’est transformée en un champs de boue. Retour sportif en perspective!

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Sur l'eau sous la montagne

Quoi de mieux pour fuir la chaleur que de visiter des grottes? La prochaine destination est donc la grotte de Konglor, à 7 heures de route de Ventiane. Et nous l’avons eu notre bus climatisé! Quel bonheur!

Entouré de champs de tabac, le petit village de Konglor compte une trentaine de maisons traditionnelles en bambou. La bienveillance des habitants nous a permis d’y observer en toute quiétude quelques tranches de vie: une petite fille qui se prépare pour l’école, enfilant sa chemise blanche et sa jupe droite par-dessus ses vêtements spiderman; un gamin ramenant le tracteur du champs; le spot de baignade dans la rivière des enfants du village, à quelques mètres de l’endroit où leurs mères font la lessive…

komglor

Malgré la barrière de la langue, on arrive à communiquer, par gestes ou par mimiques; comme avec cette jeune femme dont le scooter tombe en rade à côté de nous. Soupirs et haussements d’épaules, “c’est ballot”. Elle s’arrête à une maison et deux minutes plus tard nous interpelle en riant… et nous dépasse à vélo!

Mais si nous sommes venus ici, c’est pour le site naturel qui se cache à un kilomètre du village: la grotte de Konglor. Longue de 7 km, elle abrite une rivière souterraine, qui débouche au milieu de la jungle de l’autre côté de la montagne. Il faut avouer que c’est assez flippant de monter sur une barque et de s’enfoncer dans le noir sous la montagne, munis de nos lampes frontales. Mais quelle expérience! Et quelle magie lorsqu’on atteint l’autre vallée et que l’on se retrouve sous le soleil après la traversée!

grotte

Bref, on ne regrette pas cette escapade; et on décide même le lendemain de continuer vers le sud pour visiter d’autres grottes de la région, autour de Thakhek. En plus, il fait (un peu) moins chaud par ici!

Le trajet sera un peu chaotique, avec deux changements de taxis collectifs, soit en tout 5h30 pour parcourir 80 km. Pendant un soubresaut, les lunettes de Laurent, sagement suspendues au col de son T-shirt, ont décidé de reprendre leur liberté en sautant par-dessus bord. La deuxième paire de lunettes qui décide de se faire la belle!

Arrivés à Thakhek, on louera un scooter pour aller visiter les différentes grottes. On a donc maintenant à notre actif une immense grotte avec rivière souterraine, une petite caverne totalement perdue dans la végétation qui débouche sur deux vallées cachées (sans notre “guide” improvisée, une petite fille de 6-7 ans, on aurait fait demi-tour!), et une très belle grotte pleine de stalactites et stalagmites, également avec une petite rivière souterraine.
Et pour finir, une baignade en eau douce.

scooter

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