De la ville à la campagne

C’est le moment de découvrir Chiang Mai, deuxième ville du pays (mais bien moins peuplée que Bangkok). On a décidé de tordre un peu notre planning pour être ici pour Songkran car il semble que c’est “The Place to be” pour cet événement. On a donc deux jours à passer ici avant le début des festivités.

Le premier jour, petite visite-découverte de la vieille ville, un carré délimité par un canal et d’anciennes fortifications. Chiang Mai étant désignée comme “la ville aux mille temples”, on a dû les sélectionner! La particularité par rapport aux temples qu’on a pu voir à Bangkok, ce sont les reproductions des moines (défunts) importants du temple, exposées à côté des habituels bouddhas; dont certaines réalisations en cire très réalistes (au premier coup d’oeil, on a cru qu’un moine méditait au milieu des statues!).

statues

En chemin, on croise une dame en train d’éplucher un fruit étrange. Devant notre curiosité elle nous offre un morceau de “jack fruit”. C’est le premier contact spontanné qu’on a avec quelqu’un ici, et ça fait plaisir!

Habitués à voyager par nous-mêmes, on cherche pour le lendemain un plan de la région et des indications sur les sites d’intérêt aux alentours; et on est confrontés à une vraie difficulté. La région de Chiang Mai est très touristique et un passage obligatoire pour les voyages organisés en Thaïlande. D’innombrables agences- et toutes les guesthouses- organisent des tours (très chers) dans les attractions un peu cliché dont regorge la campagne proche: ferme aux orchidées, camp de dressage d’élephants, ferme aux serpents, etc. Il est donc très compliqué d’avoir des informations sur les sites naturels et villages -que l’on préfèrerait visiter- et les routes pour s’y rendre. En effet, une autre barrière, c’est que les panneaux et cartes sont écrits en thai; donc sans la bonne volonté d’un anglophone, impossible de savoir où aller…

On décide donc de louer un scooter et d’aller au site touristique le plus proche de Chiang Mai (sur lequel on a trouvé des infos en regardant les programmes des agences :0), le Doi Suthep, une “montagne” (les guillemets c’est pour se la pèter après l’Himalaya), couverte de forêt tropicale où on croise des cascades (petite déception: elles étaient pratiquement à sec… et payantes; 200 baths foutus en l’air), un temple, le palais d’hiver du roi et des villages Hmong (une ethnie des montagnes).

scooter

On retiendra surtout de cette escapade la ballade jusqu’au village, à travers les plantations de café. On a pû en acheter directement au producteur (et en profiter pour déguster un petit expresso sur place).

café

C’était assez sympa d’avoir notre propre moyen de locomotion -et Laurent a super bien géré les virages de montagne-… jusqu’au retour à Chiang Mai où ils avaient décidé de commencer à fêter Songkran un jour avant. Et Songkran, ça se célèbre pendant les jours les plus chauds de l’année, alors le but du jeu, c’est de s’arroser d’eau bien fraîche (avec glaçons en option) pour se rafraîchir! Ce qu’on ne savait pas, c’est que la guerre de l’eau oppose les piétons postés le long de la route aux véhicules (des pick-up chargés de bidons d’eau et de joyeux lurons)… et que les deux-roues sont les cibles privilégiées des deux partis! Or, on doit traverser la vieille ville (encadrée par le canal on le rappelle) pour rendre le scooter. On se retrouve donc en fin d’après-midi coincés dans les embouteillages, à se faire balancer des sceaux d’eau glacée à la figure. Niveau sécurité, on avoue c’est limite, Et si les premiers arrosages nous font rire, la bonne humeur nous quitte quand le soleil commence à descendre et la température à baisser. Ce sera beaucoup plus drôle le lendemain en tant que piétons! Et on comprendra la réputation de Chiang Mai pour le nouvel an: des milliers de personnes viennent pour l’occasion et s’arment de pistolets à eau avec réservoir dans le dos en forme de Minnie, Hello Kitty, papillons, etc; des scènes sont montées avec DJs et concerts… et évidemment l’eau coule à flots!

songkran chiang mai

Pendant que Laurent joue à la guerre dans les rues (inondées) de Chiang Mai, Agathe prend un cours de cuisine qui lui fera découvrir les saveurs de la gastronomie thai, qu’à vrai dire on n’avait pas encore eu l’occasion de tester (la “street food” c’est sympa mais pas forcément le plus recherché). La journée a été d’autant plus productive que le prof de cuisine a emmené en début de cours ses quatre apprentis faire un tour au marché pour aller chercher les ingrédients nécessaires aux plats sélectionnés.
A partir de ce jour, on n’hésitera plus à manger du poisson en Thaïlande, car ils ne peuvent pas être plus frais: ils nagent tranquillement dans de grands bacs remplis d’eau jusqu’à ce qu’un client les achète (pour choisir un poisson d’un certain poids, la vendeuse attrappe un poisson, le pèse, et le rebalance à l’eau si ce n’est pas le bon). Et le malheureux qui est choisi se prend direct un coup de massue sur la tête et en deux temps trois mouvements, schlack schlak, il n’a plus de nageoire et plus d’intestin. Bon appétit!
Les deux végétariens qui prenaient le cours ont particulièrement apprécié cette partie… On ne va pas tout raconter en détails mais le cours était vraiment génial, et au menu au retour de notre voyage, il y aura du poisson gingembre vapeur, de la soupe de poulet à la crème de coco, de la salade de papaye verte, du poulet sauté aux noix de cajou et de la mangue au riz gluant!

Ayant goûté aux joies de Songkran, qui nous avait amené ici, on décide de quitter Chiang Mai le lendemain, direction le Laos avec un arrêt à Mae Salong, question de quitter un peu les sentiers touristiques.

Nous partons tôt pour éviter de se faire arroser avec les sacs sur le dos; mais si nous quittons Songkran, Songkran ne nous quitte pas… et on arrivera complêtement détrempés à destination. Le deuxième bus qu’on prend est en effet un mix entre mini-bus et taxi collectif, ouvert aux quatre-vents, et les enfants attendent au bord des routes et arborent un énorme sourire quand un de ces engins approche. Le conducteur d’ailleurs joue le jeu en ralentissant quand on les croise, question que les passagers profitent pleinement du rafraîchissement!

On arrive après 6h de trajet à Mae Salong, petit village créé par des réfugiés chinois en plein Triangle d’or, et dont l’économie repose sur la culture du thé, du café, et de l’opium. Notre voyage en Thaïlande prend un vrai tournant dans ce passage à la campagne.

Tout d’abord, les prix des hébergement et de la nourriture sont bien plus bas dès qu’on s’éloigne des spots touristiques, et on peut profiter un peu plus des restaurants. On se régale, et Laurent qui n’a pas profité du cours de cuisine se réconcilie avec la cuisine thai!
Même pour le petit-déjeuner, on découvre une spécialité très locale (qui vient de Chine en fait): des petits beignets accompagnés de lait de soja chaud, pris sur le marché du matin (ouvert de 6h à 8h, lève-tard s’abstenir!).

beignets

On côtoie beaucoup plus les locaux et on comprend avec plaisir la réputation du “pays du sourire”. Bref, on se sent bien ici. Et on a même droit à une dégustation gratuite des thés locaux dans l’une des maisons de thé chinoise de la ville.

Mae Salong a la particularité d’être entouré de villages de différentes ethnies minoritaires, et on part donc faire une petite randonnée dans les alentours pour les découvrir. On traverse des champs de café et de thé -on n’est pas fous, on n’a pas cherché les autres plantations!
Et les enfants nous accueillent avec le sourire (et parfois un sceau d’eau- Songkran ça dure trois jours).

enfants

Notre randonnée aboutit sur la route qui monte à Mae Salong, et malgré l’entraînement de l’Annapurna, on a envie de s’épargner la montée (ce ne sont pas les mêmes températures qu’au Népal!). Songkran aidant, des nombreux pick-up tournent sur les routes pour profiter pleinement de l’arrosage. Ča nous semble donc le bon moment pour tenter le stop. Bon, par contre, petit râté: ne levez pas le pouce si vous devez faire du stop en Thaïlande car c’est interprété comme “super!”, et le conducteur passera à côté de vous avec un grand sourire et en klaxonnant! Une fois comprise notre erreur, on tend le bras et fait un signe de la main vers le bas, et on finit notre trajet à l’arrière d’un pick-up, accompagnés de joyeux lurons armés de pistolets à eau.
Happy Songkran!