Quebradas et empanadas

Le temps passe si vite… que nous sommes déjà en Argentine (le pays d’où nous allons repartir!). A nous les barbecues, le vin d’altitude et les canyons.

Dès la frontière avec la Bolivie passée, nous sommes montés dans un bus direction Humahuaca et sa “quebrada” aux sept couleurs.

Humahuaca

Nous avons séjourné deux jours chez une petite vieille très sympathique, le temps de laver notre linge et de reprendre des forces - et de se faire bénir par San Francisco sur la place du village (il sort de son alcôve, tel un coucou, tous les jours à midi)!

san francisco

Nous avons ensuite continué vers le sud jusqu’à Salta: soleil, terrasses, rues bondées de monde faisant les boutiques… Ca fait du bien de retrouver une ville après tous les petits villages andins que nous avons traversés. A part les horaires un peu décalés (on va manger vers 22h ici…), on se croirait dans une ville du sud de la France. Cette impression familière se renforce encore quand nous allons à Cafayate, à quelques heures au sud, une petite bourgade à la place bordée de platanes, entourée de vignobles.

Cafayate

Herbergés dans une auberge de jeunesse un peu roots tendance hippie, mais très sympathique (si ce n’est les chiens qui dorment sur les lits des dortoirs), nous avons eu la chance d’arriver alors qu’un “asado” (barbecue) était organisé dans l’hôtel. Notre premier barbec’ argentin! Bon, le repas devait commencer à 21h; finalement c’était plutôt l’heure à laquelle nous avons commencé à nous organiser. Laurent est donc parti acheter la viande avec deux autres touristes (le boucher est toujours ouvert à 21h30, ça a même l’air d’être l’heure habituelle pour acheter sa viande). Ensuite, il a fallu faire le barbecue. On a pu apprendre la technique argentine: un petit barbecue pour préparer les braises (où ça flambe), qui sont ensuite réparties petit à petit sur l’immense barbecue qui accueille les immenses morceaux de viande (et oui, on est une quinzaine). Bref, le temps que tout ça cuise… on a mangé à minuit. Mais c’était top!

asado

Le lendemain, nous sommes partis en compagnie de Charlotte, une française rencontrée à l’auberge, faire un tour en vélo jusqu’à des cascades. Les vélos, à l’image de l’auberge, ne nous seront pas d’une grande utilité. Nous avons passé plus de temps à marcher à côté sur un sentier ensablé… Après 1h30 de pédalage et 2h30 de marche, nous avons dû nous rendre à l’évidence: nous ne trouverons jamais ces cascades. Nous avons appris plus tard que dès le début de la marche, nous étions partis dans la mauvaise direction!

Peu importe cet échec, allons visiter les bodegas (caves) sur le chemin du retour! Manque de chance, il semblerait que le samedi après-midi, veille de la fête des mères, tout le monde soit parti acheter son cadeau: tout est fermé. Nous nous sommes donc consolés en goûtant les glaces au vin Torrontès de chez Miranda, parfaites pour l’apéro. Dans cette ambiance de sud de la France, nous avons décidé pour le soir d’aller jusqu’au bout et de se faire un apéro franchouille: charcuterie, fromage et bouteille de vin. Que des produits locaux!

Avant de quitter la région et de nous diriger vers le Chili (on reviendra en Argentine plus tard), nous avons visité la Quebrada de las conchas, superbes montagnes colorées et sculptées par le vent, qui bordent Cafayate.

Quebrada de las conchas

Notre dernière soirée en Argentine (pour le moment) se fera autour d’une pizza sur la place principale de Salta en compagnie de Nicolas, qui avait fait le tour d’Uyuni avec nous. Salud!

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... Et du sel !

Notre dernière étape en Bolivie -et non la moindre- a été Uyuni et son fameux désert de sel. Arrivés le jeudi après-midi, nous nous mettons directement à la recherche d’une agence qui pourra nous organiser une excursion de trois jours en 4X4 dans la région.. et on se heurte à un petit problème: dimanche, ce sont les élections.
Pourquoi est-ce un problème? Et bien parce que le vote est obligatoire en Bolivie. Le guide-chauffeur qui ne serait pas là pour voter dimanche risque une forte amende, mais ce n’est pas tout. Pour l’occasion, il est interdit de se déplacer ce jour-là: pas de bus, pas de train et pas de voiture. Le tour de trois jours semble compromis…
Une agence cependant nous dit finalement qu’elle demandera une dérogation pour son chauffeur. Nous réservons notre excursion, bien contents, pour un départ le lendemain matin!

salar

Le paysage est magnifique: nous commençons par le fameux salar, avec un arrêt sur l’île du poisson

ile du poisson

puis continuons la route à travers la mer de lave (ancienne).

mer de lave

La première nuit se fera dans un hôtel de sel (même le lit est en sel!), bien plus confortable que ce à quoi on s’attendait. D’ailleurs, nous sommes également agréablement surpris par les repas, que ce soit le pique-nique du déjeuner ou le repas du soir.

Le lendemain, nous avons fait le tour des lagunes (pleines de flamants roses).

flamants roses

avant de traverser un désert aux roches sculptées par le vent

stone tree

et d’arriver à la laguna colorada à la couleur impressionnante -seulement l’après-midi quand le vent se lève, car le matin elle est bleue.

laguna colorada

Nous passons la nuit dans un minuscule village au milieu de nulle part: une occasion rêvée d’observer le ciel étoilé. Par contre, les soirées sont fraîches, et on se voit offrir une bouteille de vin pour se réchauffer pendant le repas!

Le réveil du troisième jour sera un peu difficile, à 4h30. Une longue journée nous attend. Nous commençons par la découverte des geysers.

geysers

Puis nous rendons à des eaux thermales, peut-être le meilleur spot de sources chaudes de notre voyage.

eaux thermales

Nous nous rendons ensuite au désert Salvador Dali (nommé ainsi pour ses roches aux formes surréalistes)

Salvador Dali

et enfin à la laguna verde - qui malheureusement ne sera pas verte car tout comme la laguna colorada, elle ne change de couleur qu’avec le vent, absent si tôt le matin

laguna verde

Nous entamons ensuite le chemin de retour: 7 h de trajet. Heureusement, nous avons droit à une petite pause dans la “valle de las rocas”. Et c’est après cet arrêt que les élections nous reviennent à l’esprit. En effet, notre guide et ses collègues -que l’on croise régulièrement- semblent de plus en plus nerveux. On comprend rapidement que personne n’a eu de dérogation pour les élections.
Commence alors un jeu du chat et de la souris avec la police… Les guides arrêtent régulièrement les voitures qui arrivent en sens inverse pour leur demander s’il y a des barrages sur les routes. L’apothéose sera leur réunion en haut d’une butte à l’approche d’un village pour voir si la voie est libre…

chat vs souris

Finalement, nous arriverons à l’entrée d’Uyuni sans problème. Cependant, notre chauffeur ne tentera pas de nous déposer dans le centre et se garera discrêtement chez lui. C’est sa femme qui nous raccompagnera à pied à destination, pendant que lui filera voter: les bureaux de vote ferment dans 15 minutes!

Le résultat des élections sera sans surprise: Evo Morales est réélu dès le premier tour. Il faut dire que nous n’avons pas vu beaucoup d’affiches d’autres candidats…

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Du sucre et de l'argent

Pour se réchauffer un peu les os qui ont passé pas mal de temps en haute altitude ces derniers temps, nous avons pris deux jours de repos à Sucre, la ville blanche, sous un ciel plus clément. Quel bonheur de se balader en tongs et en T-shirt! Ancienne capitale de la Bolivie, la ville est nettement plus charmante que La Paz, avec ses édifices coloniaux immaculés et ses nombreux parcs ombragés.

sucre

Notre guesthouse était située juste devant le parc Bolivar où nous avons pu apprécier le dimanche l’ingéniosité des boliviens pour offrir des jeux et activités à leurs enfants (tourniquet transformé en caroussel, manège improvisé).

avion

Nous sentant comme à la maison, nous partions le matin au marché faire nos courses pour les repas, et passions quelques heures tranquilles à bouquiner au soleil dans la cour intérieure. Du repos quoi…

Après quoi, il fallait bien reprendre la route, direction Potosi, la ville la plus haute du monde (oui, on aime bien “les trucs les plus… du monde”) à 4070m d’altitude, nichée au pied du Cerro Rico.

cerro rico

Potosi (une déformation du queshua “qui a explosé” en raison d’un volcan voisin) était au XVIIe siècle la ville la plus riche et la plus peuplée d’Amérique: près de 200 000 habitants attirés par l’extraction d’argent du Cerro Rico. Aujourd’hui, les filons se sont pratiquement taris, mais il y a toujours des mineurs creusant la montagne à coup de dynamite pour en extraire principalement de l’étain. La visite de la mine en activité est devenue une activité touristique, dangereuse évidemment car son exploitation se fait dans des conditions de sécurité déplorables - pour les mineurs comme pour les visiteurs. Nous avons choisi de ne pas y aller, sur les recommandations d’un couple rencontré à Lima qui en été revenu très mal-à-l’aise (conditions de travail des mineurs vraiment atroces, mais les touristes se prennent en photo avec eux, les remerciant en leur offrant des feuilles de coca ou des cigarettes). Le tourisme de la misère est toujours compliqué à aborder, d’autant que les agences reversent une partie de l’argent à la coopérative des mineurs, qui ont donc un bénéfice (mais quel pourcentage?)…

potosi

Nous nous sommes donc intéressés au passé de la ville, en visitant La Casa de la Moneda (La Monnaie), transformée depuis les années 30 en musée super intéressant: nous avons pu voir les machines ayant servi à presser, couper, estampiller les pièces au cours des siècles; ainsi que le musée numismatique; et une collection de tableaux représentatifs de l’art qui s’est développé dans cette période faste. Les explications du guide ont été utiles pour comprendre les intéressantes représentations de la Vierge en forme de cône/montagne qui figure la Pachamama (la Terre-mère, déesse des incas), ainsi que les symboles cachés dans les tableaux religieux (la demi-lune de la fertilité et le dieu Soleil, Inti). Nous avons également appris que les espagnols interdisaient aux artistes indigènes de signer leurs oeuvres, mais certains ont réussi à dissimuler leur signature dans un coin du tableau (dans les pages d’un livre ouvert par exemple). Enfin, la rebellion d’un artiste anonyme s’est traduite en représentant des soldats espagnols escortant le Christ sur le chemin de croix au lieu de soldats romains…

Plus récemment, un autre pied-de-nez à la couronne espagnole est devenu le symbole de Potosi: un masque sculpté est venu recouvrir le sceau du royaume sur l’entrée de la Casa de la Moneda.

casa de la moneda

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