Un peu d'air frais

La route qui monte à Ooty traverse de magnifiques paysages: forêt dense, plantations de thé, vallée où les animaux paissent autour d’un lac, re-forêt.. A la descente du bus, une chose nous frappe: le ciel a retrouvé la couleur qu’on lui connaît et non ce blanc étouffant créé par la brume de chaleur qui retient poussière et pollution. On respire !

plantation de thé

Station climatique créée par les anglais, Ooty tient ses promesses. Il y fait plus frais que dans la vallée, tout est plus calme. On trouve une chambre dans un endroit hors du commun, le YWCA (Young Women Catholic Association), une petite résidence faite de bungalows et d’un immense bâtiment principal, ancienne auberge, tout ça sous la protection de Jesus. De l’ancien mobilier en bois et de vieux livres meublent l’ensemble, avec bien sûr la Bible sur la table de chevet.

YWCA La chapelle de l’hôtel

On retrouve à Ooty la diversité religieuse que l’on avait remarqué à Sultan Bathery, où à 5h du mat’ on s’est fait réveiller simultanément par la musique du temple hindou et l’appel à la prière de la mosquée. On y avait également assisté à un prédicateur (protestant?) harrangant les foules.
Ici, temples, mosquées et églises se côtoient. Aucun problème. On est loin de la frontière avec le Pakistan où des tensions règnent entre musulmans et hindous sur fond de guerre pour un bout de territoire… La religion a une place absolument prédominante en Inde, quelle qu’elle soit: de la puja du matin (description très naïve: rituel hindou pour “purifier” sa maison en priant, brûlant de l’encens, sonnant une clochette) à l’affichage sur les voitures d’un message du type “Jesus est le plus grand”. Un temple privé peut se trouver à n’importe quel coin de rue, du style le plus extravagant au plus discret.

Temple

Au Dodabbetta Peka, point culminant de la chaîne de montagnes, on a comme d’habitude fait grande impression auprès des indiens en vacances. “Photo please, photo”. Mais là, la photo avec deux touristes a tourné en immense photo de groupe: tous ont voulu y être ! Du coup, Agathe a pris la place du photographe :-)

groupe
Remarquez le deuxième en partant de la droite: c’est le photographe du site, qui vend aux touristes une photo d’eux devant le point de vue, imprimée sur place !

Après s’être bien balladés, on a appris que 15 jours plus tôt, un tigre avait tué deux personnes dans la forêt du Peak, de la petite communauté de gens qui vivent encore dans les bois. Information confirmée par les potes que l’on s’est fait pendant la marche du retour à Ooty: deux cousins venus rendre visite au frère de l’un d’eux. Ils nous ont accompagnés sur une partie du chemin, super sympas, l’un bossant à l’hôpital et l’autre étudiant l’informatique. On s’est quitté en se promettant de devenir amis sur Facebook (Facebook a une énorme importance en Inde)..

groupe

Enfin, on a assisté ici à la scène la plus choquante depuis notre arrivée. Un homme était allongé sur le trottoir, en pleine journée, face contre terre, probalement très attaqué par l’alcool local (que l’on ne trouve que dans des Wineshop, magasins un peu sordides qui ont seuls le droit de vendre de l’alcool). Les gens passaient autour de lui, un peu gênés comme c’est le cas en France quand on passe à côté d’un SDF endormi dans la rue. Et là, une touriste bien en chair se poste bien devant lui, et avec son immense appareil photo muni d’un objectif monstrueux le prend en photo, un sourire satisfait aux lèvres (“Quelle belle photo je vais avoir d’un indien qui crève dans la rue”). Ecoeurés, on a honte d’être occidentaux…

PS: Agathe n’est pas la seule normande ici!
normande

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Lost in translation

De Hampi à Ooty.
On s’écarte des chemins touristiques pour aller faire un tour chez les éléphants sauvages et dans les montagnes fraîches. Première étape: acheter les billets de train pour aller à Mysore oú on continuera en bus vers Sultan Bathery (porte d’entrée de la réserve naturelle Wyanad). Le problème, c’est que Hampi s’étant développé autour du tourisme, il y a une agence à chaque coin de rue et toutes veulent nous vendre des billets de bus (compagnies privées) qui coûtent 10 fois le prix du train -réellement 10 fois- et qui sont pourtant moins confortables. En effet, pour 11h de trajet de nuit, on préfère avoir des couchettes ! On essaie de nous faire croire qu’on ne pourra pas avoir de place dans le train, etc, etc. Heureusement, Amandine qui vit en Inde depuis quelques années, nous a parlé du quota de billets “dernière minute” que l’on peut acheter la veille du départ. On avoue, on a un peu la flemme d’aller à la gare d’Hospet (30 minutes de bus aller, 30 minutes retour, avec un temps d’attente indéterminé) pour réserver nos billets nous-même.. et on finit par trouver une agence tenue par une très sympatique gérante, qui est d’accord avec nous sur le fait que le train c’est mieux. Elle réserve donc nos billets, en se prenant une commission au passage (que l’on a quand même un peu négociée). Ca nous a coûté une bonne centaine de roupies de plus que si on l’avait fait nous-même, mais on était contents de faire tourner son commerce.
Par contre, on n’a toujours pas compris pourquoi, elle nous a pris un billet au départ de la gare précédant Hospet en nous disant que le trajet Hospet-Mysore était complet. Mais si c’est complet Hospet-Mysore, comment peut-on avoir des places pour la gare d’avant Hospet jusqu’à Mysore? Le système nous échappe…

Trajet en train toujours aussi sympathique, durant lequel on a tenté d’avoir une conversation avec un couple de cinquantenaires qui allaient voir leur fils ingénieur à Bangalore, si on a bien compris. La communication est compliquée, surtout basée sur des sourires et des mimiques, eux parlant tamul avec quelques mots d’anglais et nous notre anglais limité, mais on a réussi à aboutir à cette conclusion: Sonia Gandhi était italienne et l’Italie c’est tout proche de la France :-)

S’éloigner des sentiers touristiques, c’est super mais il faut quand même s’attendre à tourner un peu en rond, notamment pour trouver son bus. A la gare routière de Mysore, tout est écrit en tamul ou hindi(?), bref pas dans notre alphabet. Il y a beaucoup de quais. On en tente quelques-uns en demandant aux gens si c’est le quai pour Sultan Bathery (on finit par comprendre qu’ils disent juste “bathery”). Pas le bon quai… Agathe repère une billetterie et tente sa chance. Bingo: l’agent d’accueil parle anglais, les billets se prennent directement dans le bus qui part plateforme 3. C’est parti !

Un petit râté à l’arrivée: on descend à la gare routière autour de laquelle il n’y a rien et devons donc remonter, nos sacs sur le dos, la route qui mène au centre-ville (où le bus s’est arrêté juste avant). On repère un hôtel et allons demander le prix des chambres. Et on nous répond.. qu’il n’y a pas de chambre, ici on mange seulement !? On comprendra ensuite que dans le coin “hotel” indique les restaurants. Ca tombe bien, on a faim. On est probablement tombés sur le meilleur restau du village. Très bon, très épicé (c’est la première fois du voyage qu’on a un peu de mal), et vraiment vraiment pas cher. En sortant du restau, la gérante nous retient: elle a passé un coup de fil pour voir s’il y avait de la place dans un hôtel du coin. Ils vont passer nous chercher en voiture et si ça nous va on a une chambre, sinon on peut tout-à-fait dire non, pas de problème. C’était vraiment très gentil de sa part de nous aider comme ça, parce que les sacs ça pèse lourd.. malgré les quelques objets qu’on a déjà jetés par-dessus bord (involontairement).

L’hôtel est un peu plus cher que ce que l’on espérait, mais il est absolument génial: grande chambre super propre, salle de bain avec une douche grand débit. Le top. Pour la première fois, on dormira sans nos propres draps (sacs à viande). Et le prix, c’est celui des chambres trés bon marché de Bombai, sans salle de bain. Le personnel de l’hôtel nous démontrera encore une fois la gentillesse des indiens: il nous aide à nous organiser pour aller au parc par le moyen le moins cher, réserve pour nous un rickshaw, etc., sans aucune commission. Et heureusement car dans une ville sans touristes étrangers, ça devient compliqué d’organiser des visites. Pas d’agence ici..

Le repas du soir sera un peu plus compliqué. On est dimanche et tous les restau du coin sont fermés. Nous voilà partis pour faire 6 km à pied avec notre lampe de poche pour rejoindre la “grande” ville. On s’arrêtera finalement au premier restau ouvert sur notre route: un routier où l’on commande au hasard. On se rendra compte au moment de payer qu’on a commandé une demi-portion pour deux (franchement, vu la taille de l’assiette, ça sautait pas aux yeux), et c’était très bon.. mais on ne peut pas vous dire ce que c’était !

Lever à 6h du mat’ pour la visite du parc où on compte bien voir des éléphants sauvages. Petit échec. On a bien vu des éléphants (domestiqués), un paon dormant dans un arbre, un écureuil, des termites, des biches, et des empreintes de tigre… C’était un peu frustrant car la visite du parc est très encadrée: obligation d’y aller en jeep avec un conducteur, toutes les jeeps font le même circuit d’une petite heure, merci aurevoir. La déception est vite passée quand on est rentrés à l’hôtel juste au moment de l’entrée de l’école d’à côté. On est clairement des curiosités. les gamins nous sourient, nous saluent de loin, timidement. Trois adolescentes s’approchent et l’une d’elle ose nous parler, en anglais. Elle pourra se vanter auprès des copines !

Avant de prendre le bus qui est censé passer vers 13h pour Ooty, on voudrait grignoter au restau à côté de l’hôtel. On entre (un peu tôt) et là on se retrouve face à un vrai problème de commmunication. Personne ne parle un mot d’anglais, on n’arrive pas à faire comprendre qu’on voudrait manger un petit truc. Il n’y a pas de carte, pas de menu… Une femme qui travaille là part dans la rue d’à côté chercher quelqu’un pour traduire. C’est bon, on peut manger… Par contre on n’a aucune idée de ce qu’on va nous apporter. On a dit “yes” au hasard de ce que nous disait le serveur. Observés par les autres clients (morts de rire, mais bienveillants), on mange avec les mains comme on peut nos galettes que l’on trempe dans un curry. En tout cas, on a été l’attraction de la journée ! On leur a tellement plu que les femmes du restau sont venues frapper à notre chambre une heure plus tard pour nous voir. Situation un peu étrange car on n’avait toujours pas appris le tamul ni eux l’anglais, on ne savait pas pourquoi elles étaient venues. Sourires.. et sourires. On part prendre notre bus pour Ooty.

élections

PS: le panneau d’affichage de communication électorale de Sultan Bathery: chaque parti son poteau !

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Un train pas comme les autres- ou si?

Premier voyage en train en “sleeper”. Pas de problème pour trouver la voie, la voiture, les places. Nickel. On est dans un wagon avec une bande de joyeux drilles qui seront les derniers à se coucher. On peut dire qu’ils mettent l’ambiance: une dizaine d’indiens partant à Bengalore pour un mariage, ils rient, ils jouent aux cartes, bref ils passent le temps dans la bonne humeur; et heureusement car ils en ont pour une bonne dizaine d’heures de plus que nous (qui avons déjà 15h de train à faire). Les couchettes sont un peu dures mais c’est très bien foutu. Les lits sont sur trois niveaux, et celui du milieu se rabat dans la journée pour pouvoir s’asseoir confortablement.

Au moment d’éteindre la lumière, un gamin met une couverture par terre entre nos couchettes et celles d’en face: ils dormiront là avec son frère/cousin/copain? Vu la parano ambiante sur les vols de bagages (tout le monde attache sa valise sous les couchettes avec chaînes et cadenas), c’est plutôt rassurant. Il faut en vouloir pour voler des bagages quand quelqu’un dort le nez collé dessus. Par contre, on a une petite pensée pour la souris qu’on a vue passer dans le wagon…

Lendemain matin, la bande de fêtards arrête un vendeur ambulant et nous offre le petit déjeuner, sans raison, juste pour nous faire découvrir le petit dejeuner typique indien. Il s’agit d’une espèce de porridge salé à base de riz et d’herbes aromatiques, très bon et ça te cale pour un moment ! On a la chance de tomber aussi sur un excellent chai (thé bouilli dans du lait avec des épices), ce qui ne sera pas le cas des suivants à Hampi. Notre premier rickshaw (tuc-tuc) du voyage nous emmène à la gare routière d’Hubli. Et oui, pas de rickshaw à Bombay !

La journée se termine par 4h30 de bus pour aller de la gare d’Hubli à Hospet; puis 30 minutes dans un bus local avec les écolières en uniformes (chemise, jupe plissée, nattes fleuries) pour atteindre enfin notre but: Hampi. Nous avons rapidement trouvé une guesthouse bon marché, trois fois moins cher qu’à Bombay, avec une immense moustiquaire rappelant un lit de princesse (dans la tête d’Agathe), une douche et des toilettes communes à l’indienne (avec un petit sceau pour tirer la chasse), et de fréquentes coupures de courant - mais ça c’est dans toute la ville.

guesthouse

Hampi est magnifique; et nous a fait marcher quelques kilomètres - le régime commence!
Il s’agit des vestiges d’une ville royale du XIVe siècle, dont certains temples sont très bien conservés. Celui de Viruspaksha est toujours très actif et l’éléphant du temple peut bénir les visiteurs de sa trompe contre quelques roupies. Particulièrement bien dressée, Lakshmi frôle la tête du donateur en l’échange d’une pièce et pose le temps d’une photo pour un billet de 10 roupies !

hampi

A l’écart du tumulte des grandes villes, Hampi est un repère à touristes, ce qui finalement n’est pas désagréable pour reprendre quelques forces avant de replonger dans l’aventure. On a aussi pour la première fois étés pris en photo par des touristes indiens (ce dont on avait pris l’habitude lors de notre dernier voyage en Inde). On ne sait pas trop si on est une curiosité ou si on est supposés porter chance; mais on sera en photo dans plein de maisons indiennes !

On ajoutera des photos dans l’album “Inde” au fur-et-à-mesure du voyage, car rien n’est plus parlant que l’image. N’hésitez pas à y jeter un oeil !

hampi

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